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25 octobre 2009

TD2 : Amphore funéraire attique de la nécropole du Dipylon

Cette amphore (du grec « am-phoreus » qui signifie « ce qui se porte des deux côtés ») se situe dans le géométrique récent I, aux environs de 760 av. J.-C. Ce vase monumental (du fait de sa taille et de sa facture) sera étudié selon deux axes : le style géométrique et l’iconographie. La période géométrique (aussi appelée « séquence céramique ») est longue, elle s’étend sur trois siècles, d’environ 1050 à 700 av. J.-C. L’unité stylistique de cette période réside dans le fond de couleur claire donné par le teint de la pâte ayant servi à le fabriquer, le décor, lui, est de couleur sombre. Le style géométrique attique est le plus évolué, on peut voir une décoration en métope (on joue sur le contraste sombre/clair), des bandes parallèles, des lignes droites, des croix gammées et d’une méandre (aussi appelée « grecque », elle est un motif ornemental constituée d’une ligne droite brisée effectuant des retours en arrière ). Plus on avance dans le temps, plus les décors sont chargés, il y a une propension à utiliser toute la surface du vase. Cette amphore est de forme fermée, c’est-à-dire que le diamètre de l’ouverture est inférieur à celui de la panse. Les amphores servaient traditionnellement à stocker ou transporter des denrées, mais celle-là n’a jamais rien contenu sinon les cendres de la défunte. En effet, ce vase est d’une qualité supérieure aux amphores grossières, elle est constituée de céramique fine et sa finition dénote un soin particulier. Il y a donc une opposition entre a la fonction de l’objet et son étoffe. Elle n’a donc servi qu’à conserver les cendres d’une riche défunte car c’est une céramique de luxe . Ce vase atteint une hauteur de 1,55m, il est monumental au vue de la taille habituelle des cérames de ce type. L’étude du décor a permis de rattacher cet objet à un ensemble que l’on a appelé « Maître du Dipylon ». C’est la première identification de peintre et de potier de l’histoire. Le potier et le peintre seraient la même personne. Ce cratère sort lui aussi du même atelier, il est de forme ouverte. Le diamètre de l’embouchure est sensiblement égal à celui de la panse. Le cratère servait à mélanger le vin et l’eau (le vin produit à cette époque étant bien plus fort en alcool que celui d’aujourd’hui, il y avait une nécessité de le couper) et parfois, à converser les cendres d’un défunt de sexe masculin. Ces vases-là ne sont que des copies des objets utilisés dans la vie courante, leurs correspondants ne faisaient pas ces tailles-là. Les sema (signifiant « signe » en grec) sont des marqueurs de tombe et se déclinent en deux catégories : Les stèles et les vases. Du géométrique moyen jusqu’au géométrique récent, il y a une monumentalisation de la sépulture, une ostension de la mort afin de délivrer un message. Au géométrique récent, on pratique la crémation contre l’inhumation dans les époques précédentes. En 478 av. J.-C, Thémistocle (magistrat) construit une muraille (aussi appelée « long mur ») pour protéger la ville, celle-là passe par la route du céramique, et donc, au Dipylon. Avec le style géométrique, l’artiste subit l’horreur du vide. La variété des motifs utilisés donne une impression de rigidité, de répétition avec ce souci de la symétrie et de la mise en page (il y a une adéquation entre la répétition du décor et la forme du vase). La scène est représentée où elle se voit le mieux, sur la panse. Il y a une irruption de la figure humaine sur les vases, cette figure est géométrique mais peu réaliste. Par le fait, le torse est peint de face tandis que le visage est de profil, la scène est montrée de haut alors qu’elle est vue sur le côté. Le peintre ne maîtrisait pas la perspective, le rendu n’est pas réaliste. N’ont-ils pas la capacité de peintre en perspective ou au contraire, ce choix est-il assumé ? Il y a certes des incapacités dans la technique picturale de cette époque, mais il y a également des volontés véritables de la part des peintres de cette époque. D’un point de vue iconographique, c’est une scène funéraire avec un jeu de miroir qui renvoie à la fonction du vase, sur de nombreuses hydries (vase servant à transporter l’eau) sont représentées des femmes à la fontaine. Les médaillons de coupe sont décorés de scènes dionysiaques. Il y a une adéquation entre la fonction et le décor. La scène se situe au deuxième jour après la mort, lors du rituel de la Prothésis lors de laquelle le corps du défunt était exposé sur un lit d’apparat. Le mort est entouré par ses proches, on y voit des lamentations, il y a une charge pathétique importante. Sur le registre supérieur du vase, la même scène est décrite, il y a des animaux et des objets représentés. Sur le registre inférieur, on a un défilé de guerrier. C’est une représentation de l’aristocratie. Alors est-ce là la formation de la société des classes ? La transcription des poèmes homériques ? Le personnage enterré est nécessairement aristocratique et le message est double, il y a une dimension aristocratique mais aussi épique. On a sur ce même registre la représentation d’une course de char, idée du cheval dont seuls les nobles pouvaient jouir. La classe des hippéis était la seconde classe la plus riche d’Athènes, après les pentacosiomédimnes (ceux qui produisaient au moins 500 médimnes). Sur le registre supérieur du cratère, on assiste à une scène d’ « ekphora » (qui signifie « porter dehors », on sort le défunt pour l’emmener au cimetière) avec un convoi ordonné, il y a une idée de se montrer. Conclusion : La volonté de s’exposer est manifeste avec ce vase monumental. Celui-là comporte une sorte d’avant-garde en y dépeignant des scènes figurées dont le contenu des images montre une partie de la société et ses valeurs guerrières. L’an 760 marque-t-il la naissance de l’aristocratie athénienne ? Non, la tombe de la rich lady est antérieure à celle-ci et montre que l’aristocratie n’est pas née au Dipylon. L’exposition de la mort contraste avec les procédés utilisés par la « rich lady ». L’aristocratie a pris un poids important avant de diriger la cité jusqu’au Ve siècle et l’avènement de la fameuse « démocratie athénienne ». Bibliographie et liens : - La céramique grecque H.Metzger - http://www.musagora.education.fr/citoyennete/citoyennetefr/citoyens-classes.htm pour les sociétés censitaires.
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